Brillance vs Tristesse

Kelly et Dreyfus semblent mélanger deux perspectives théoriques, deux modèles: typologique et historique. Selon le modèle typologique, il y a deux régimes d’affects:

1)pluraliste -les choses brillent, les vies sont remplies d’intensité et de sens, il y a un surgissement constant de dieux et de héros, de tonalités et d’émotions. C’est un régime d’abondance.

2)moniste – le monde est triste, le sens et l’intensité sont absents, il y a appauvrissement des émotions et des engagements, l’incertitude et l’indécision règnent. C’est un régime de manque.

Selon le modèle historique, il y a une pluralité des compréhensions de l’être totalisantes incommensurables correspondantes aux grandes époques historiques distnctes. Le monde homérique a une culture de réceptivité aux affects et d’ouverture au monde ; le monde postmoderne a une culture de contrôle et un monde atone.

Il y a une tension entre le macro-pluralisme des compréhensions de l’être totalisantes, qui autorise une pluralité de mondes, mais un seul monde pour chaque époque de l’être, et le micro-pluralisme d’un monde contenant une pluralité de sous-mondes affectifs et cognitifs. Dreyfus et Kelly tentent de résoudre cette tension en postulant que le monde « totalisant » est en fait composé d’une compréhenson de l’être dominant et des pratiques marginales qui incorpore des fragments d’autres compréhensions incommensurables. Ce qui revient à introduire la typologie à l’intérieur de chaque monde, qui est un mixte d’unification hégémonique et de dispersion marginalisée.

Il reste une ambiguité majeure. Est-ce que ce qui est marginalisé c’est une pluralité de constellations de pratiques, chacune visant à imposer une compréhension du monde unique, ou alors la pluralité des constellations elle-même? Le monde homérique, par exemple, exprime une compréhension de l’être unifiée, mais il contient une pluralité de sous-mondes, chacun constitué par une constellation de pratiques cohérentes. Le monde dantesque rejette les sous-mondes et contient les constellations de pratiques à l’intérieur d’une classification hiérarchique englobante. Notre monde postmoderne nie le macro-pluralisme des mondes en niant son propre statut de monde, et nie le micro-pluralisme des sous-mondes en le réduisant un relativisme d’options démocratiquement et juridiquement équivalents. Il faut les deux pluralismes pour sortir du nihilisme postmoderne. C’est pourquoi le pluralisme des mondes homérique est un modèle incomplet.

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