J’aimerais écrire un livre titré ANTI-LARUELLE, qui serait tout autant pour la non-philosophie laruelléenne que contre elle, et qui contiendrait une défense de Badiou contre les critiques que Laruelle développe dans son ANTI-BADIOU. En effet, la plus grande partie du livre projeté a déjà été écrit, et publié, en fragments, sur ce blog et sur ma page academia.edu. Une des idée clé serait que l’ANTI-BADIOU n’est pas vraiment dirigé contre Badiou lui-même. C’est une autocritique, que Laruelle a écrit contre ses propres tendances à la suffisance philosophique.
ANTI-LARUELLE serait un livre écrit par non-Laruelle, un personnage conceptuel fictif qui serait au Laruelle connu ce que la géométrie non-euclidienne est à la géométrie que nous connaissons tous.
Pour interpréter le préfixe “anti-”, on doit prendre en compte la théorie badiousienne des trois négations. Les préfixes négatifs ne sont pas nécessairement signes de ressentiment, une attitude qui est basée sur l’exclusion moniste d’autres points de vue, et qui met au premier plan la négation forte, classique, soumise aux principes de la non-contradiction et du tiers exclu. Mon traité ANTI-LARUELLE serait basé sur le pluralisme, et emploierait de surcroît les négations intuitionnistes et para-consistantes.
Cette approche pluraliste à la négation ne présuppose pas que la critique est un procédé caduc et dépassé, mais seulement qu’elle doit être transformée. Elle ne présuppose pas, non plus, la « mort » de la négation forte, classique. Elle n’est pas morte mais seulement relativisée. Beaucoup d’autres types de négation existent, et les règles de la logique du calcul propositionnel sont loin de capter nos raisonnements habituels et encore moins les chemins de la pensée créatrice.
Les mathématiques des négations non-classiques ne sont qu’une formalisation après coup de ce que beaucoup de penseurs disent déjà depuis belle lurette. Par exemple, Hegel, Nietzsche, Wittgenstein, et Feyerabend ont souligné la valeur heuristique de la négation et des contradictions. Le concept laruellien du “non-” comme préfixe opérant une relativisation et une pluralisation d’un domaine donné va dans le même sens que les thèses de ses prédécesseurs, tout comme c’est le cas pour son concept de “superposition”.