Très belle rencontre organisée au lycée Masséna, avec Olympia Alberti. La conférence, ostensiblement au sujet de Marguerite Duras, a eu lieu devant un auditoire d’élèves et d’étudiants captivés par ses paroles simples et profondes et par sa présence inoubliable.
A travers des anecdotes mondaines et des récits d’expériences vitales, Olympia Alberti a réussi à parler de la vie et de la création, de l’amour et de la liberté, de la platitude sortie de la politique de l’édition et de l’écriture sortie d’une « perception seconde » reliée à un absolu hors du temps vécu.
Ses propos n’étaient pas du tout abstraits, ni scolaires, même si on pouvait sentir dans chaque phrase l’ampleur et la profondeur de sa culture et de sa réflexion.
Olympia Alberti passait facilement des conseils pratiques pour entrer dans l’œuvre de Duras (commencer par lire Savannah Bay et le Ravissement de Lol V. Stein, puis regarder India Song) aux conseils de vie (donner tout avant de mourir, car « un linceul n’a pas de poches »), en passant par des conseils de réussite (d’abord on fait ce qu’il faut pour entrer dans la caste, ensuite « on les emmerde »).
Rapidement la « conférence » est devenue un échange, où Olympia Alberti répondait de manière gentille et directe à toute question, montrant sa capacité de parler à partir d’une pensée immanente à la vie, mais qui véhicule une spiritualité qui n’a pas de nom, sauf peut-être le « mot-trou », un dernier mot qui ne peut jamais venir dans le temps ordinaire sans créer une béance.
Pour Olympia Alberti cette spiritualité n’est jamais loin de l’humour. Donc elle décrit la béance hors du temps de façon terre-à-terre. Par exemple le jour où elle était tellement concentrée sur l’écriture de son roman qu’elle entrait dans un état de quasi-transe et sa femme de ménage a dû insister pendant une demi-heure pour la réveiller, disant qu’elle était restée immobile et sans respiration pendant ce temps.
Justement, je n’ai pas vu le temps passer, les lycéens non plus – c’était une expérience du temps-trou qui nous permet de recevoir une altérité à la fois comique et métaphysique, et de changer notre perception de la vie et de la création.
On retient à la fin que la franchise ce n’est pas seulement ce qu’on dit ou écrit, mais aussi ce qu’on est.