Les compte rendus positifs de DUNE sont souvent très intéressants mais un peu trop euphoriques. J’ai adoré le film et je n’ai pas vu le temps passer, mais j’étais mal à l’aise dès le début.
Villeneuve procède par simplification et soustraction, c’est sa méthode de cinéma pédagogique. Dans le cas de DUNE il y a un problème: le livre est une pédagogie de la complexité. Nous sommes face donc à un compromis magistral.
Un petit exemple de dé-complexification. Dans ses visions Chani appelle Paul « Usul » dans le livre, mais « Paul » dans le film. Visiblement Villeneuve a estimé que trois noms (Paul, Muad’dib, Usul) pour un seul personnage c’était trop. Mais on rate l’incompréhension de Paul devant l’étrangeté de ses visions, qui se demande si Usul c’est le nom d’une planète inconnue.
J’ai déjà commenté le cinéma « pédagogique » de Villeneuve, qui procède par simplification, soustraction, externalisation, et explicitation:
Le choix par Villeneuve de ne pas reproduire les monologues intérieurs qui occupent une grande partie du livre de Frank Herbert, et qui le complexifient artistiquement et intellectuellement, bien au-delà de la complexité de l’intrigue, va de pair avec cette méthode d’explicitation. Par exemple, dans la scène de l’épreuve du gom jabar au début les pensées de Paul sont transposées dans le comportement de Jessica.
Cette approche globalement comportementaliste, sauf pour les visions de Paul, nous offre une Jessica souvent aux abords de l’hystérie, ce qui ne reflète pas son statut de cadre supérieur dans la sororité des Bene Gesserit.
Cette même externalisation s’applique à Paul, dont le statut de mentat n’a pas pu être révélé ou exploré dans cette première partie. Son éveil à lui-même après le passage à travers l’orage est donc externalisé de façon décevante.
L’avantage de cette méthode pédagogique c’est de rendre accessible au grand nombre l’univers de DUNE et la trame du récit, mais la thématique souffre de cette réduction, notamment le thème de la complexité.
Cette dichotomie accessibilité/complexité se retrouve dans le traitement des personnages. Paul et Jessica sont des méta-humains, en fonction de leur génotype et de leur formation. Villeneuve a choisi de les humaniser pour les rendre plus accessibles.
Le choix des acteurs familiers c’est un choix pédagogique et humanisant, qui renforce cette accessibilité. Timothée Chalamet est un acteur de type accessible, il ne rayonne pas avec l’inquiétante étrangeté d’un multi-méta-humain. Villeneuve a choisi de rassurer plutôt que d’inquiéter.
Je n’ai eu aucun problème avec la « froideur » du film. DUNE est un livre cérébral et Villeneuve est fidèle au livre, ou du moins en phase avec, en nous offrant un film cérébral. On peut regretter qu’avec les technologies modernes il n’est pas allé plus loin dans la cérébralité, préférant la sacrifier partiellement à l’accessibilité.
La cérébralité c’est la vrai Épice. Tout est une question de dosage.
On peut se rappeler qu’à la sortie du film AVENGERS ENDGAME des commentateurs américains le saluaient comme un film « intelligent », supposément beaucoup plus qu’un film d’action ordinaire. C’était ridicule, mais ça exprimait une aspiration, une attente (malheureusement non-remplie). Villeneuve crée des films intelligents, et c’est déjà beaucoup.
Good points, I agree 100%. Glad to see you had the same idea about Jessica, I’ve seen people argue she is totally in character with the book. I guess everything is in the eye of the beholder, but still. (Excuse me for the English comment, my active French is very rusty.)
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Disappointing but not surprising. It is a Hollywood production, given the box office ‘failure’ of Blade Runner 2047, I would have expected that Dune would have been made audience friendly, despite the source material and despite what the producers may have wanted.
Really disappointing that there is no inner monologue given how much of Paul’s depth is contained within it.
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